dimanche 3 mai 2009

Vannes vote contre le parc naturel régional et prône toujours une politique de développement insoutenable.


La dernière réunion du syndicat intercommunal d'aménagement du golfe du Morbihan (SIAGM), le 28 avril dernier, a permis de clarifier les positions des communes sur le parc naturel régional (PNR) du golfe du Morbihan.
Le vote portait sur l'envoi de l'avant-projet de charte dans sa dernière version au conseil régional pour avis intermédiaire avant son examen le 6 juillet par le Conseil national de la protection de la nature.
27 communes ont participé au vote, 25 ont voté pour et 2 villes, Plougoumelen et Vannes, ont voté contre.
Après ce vote, Vannes ne peut plus continuer à pratiquer le double langage qu’elle tient depuis des années.
Nombreuses sont les déclarations du maire de Vannes pour réfuter son opposition au projet de parc. Notons, d’ailleurs, que toutes ses déclarations ne font qu’infirmer son opposition au PNR, mais qu’on ne trouve trace d’aucune déclaration pour défendre ce projet.
On connaît les arguments du maire de Vannes, il craint que le PNR ne « bloque le développement » et ne « favorise l’augmentation des prix de l’immobilier ».
Ces deux arguments sont très contestables. D’une part, il est facile de constater que dans l’ensemble des PNR, c’est l’inverse qui se produit : les territoires labellisés PNR connaissent un bien meilleur développement que les territoires comparables hors PNR. D’autre part, les PNR peuvent mettre en œuvre des outils et des actions concrètes pour gérer l’urbanisme et mieux contrôler la pression immobilière.
Mais comment peut-on prendre au sérieux les inquiétudes du maire de Vannes quand on sait toute l’énergie qu’il a su déployer pour refuser l’établissement public foncier régional qui vise justement à réduire l’augmentation des prix de l’immobilier.
Avec ce vote, on sait maintenant que Vannes est contre, mais on sait aussi pourquoi. La ville considère que la charte du PNR ne dégage pas assez d’espace urbanisable (1 225 hectares sur les 12 années de la charte) et qu’il y a déjà suffisamment d’outils de régulation (ce qui en termes moins policés veut dire qu’il y a déjà trop de contraintes pour les aménageurs et les promoteurs).
Un autre argument est avancé par Vannes : « le territoire ne correspond pas à l’idée qu’on se fait d’un parc naturel ». Il serait plus juste de dire « de l’image négative que voudraient donner certains d’un parc naturel ». Il ne s’agit pas de faire du territoire une réserve naturelle, un parc national, mais seulement un parc naturel régional dont les objectifs sont de promouvoir un projet de développement, fondé sur la préservation et la valorisation du patrimoine.
L’objectif de Vannes est limpide, c’est de ne pas tuer la poule aux œufs d’or, c’est que le pays de Vannes reste une zone de développement économique et démographique exceptionnelle (selon l’INSEE).
Il faut reconnaître que si cet objectif était compréhensible dans les années 90, il n’est plus tenable aujourd’hui. Le rejet de toutes les réglementations et contraintes qui pourraient réduire la croissance économique et démographique apparaît comme une politique jusqu’auboutiste, courtermiste pour ne pas dire anachronique à l’époque du développement durable, dont les prémices remontent aux travaux du club de Rome de 1972.
Le plus choquant dans cette affaire est le contraste entre la stratégie de communication qui ne cesse d’associer la ville de Vannes à l’image idyllique du golfe du Morbihan et la pratique politique qui fait tout pour freiner toute velléité de développement durable sur le territoire de l’agglomération. Du côté de la communication, on a récemment renommé l’aéroport de Vannes-Meucon en aéroport de Vannes-Golfe du Morbihan ainsi que l’Office du tourisme du Pays de Vannes en OT Vannes-Golfe du Morbihan. À l’opposé, du côté politique, le libéralisme sans frein reste la doctrine intangible de la ville de Vannes, la crise immobilière servant même désormais d’alibi à une politique qui rejette toute réglementation économique et environnementale.
Le bilan du maire de Vannes est éloquent en matière de ce qu’il faut bien appeler le développement insoutenable et l’absence de maîtrise de l’urbanisme. Vannes, par la voix de son maire, apparaît comme opposée à l’établissement public foncier régional, opposée aux opérations d’urbanisme concertées (de type ZAC), opposée à un agenda 21 local, et maintenant opposée au PNR du golfe du Morbihan.
C’est la preuve d’une politique cohérente certes, mais d’une politique d’un autre âge, contraire aux intérêts des citoyens de notre territoire et surtout à ceux des générations futures.