jeudi 19 novembre 2009

Touchez pas à la défense des droits de l'enfant


Aujourd'hui, 20 novembre, on fête, comme chaque année, les droits des enfants.
En 2009, en plus, on célèbre le 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE) qui a été adoptée par l'ONU le 20 novembre 1989.
Tous les pays du monde (193) ont ratifié cette convention, à l’exception de la Somalie (car le gouvernement n'est pas reconnu par l'ONU) et des Etats-Unis (où les mineurs sont toujours passibles de la peine de mort).
En France, c'est l'autorité administrative indépendante appelée défenseur des enfants qui veille au respect de cette convention. Depuis 1990, de nombreuses lois ont été promulguées pour adapter le droit français à certaines dispositions de la CIDE.
On pouvait espérer qu'un nouvel élan serait donné à cette autorité pour le 20e anniversaire de la CIDE.
C'est tout le contraire qui se produit, la France a décidé de faire marche arrière en supprimant tout simplement cette autorité et en la fusionnant dans une nouvelle autorité beaucoup plus large appelée défenseur des droits.
Ce choix, critiqué unanimement, illustre comment aujourd'hui, on cherche à affaiblir, en France, les garde-fous institutionnels, les contre-pouvoirs ; comment on traque tout ce qui détient encore une parcelle d'indépendance.
La meilleure critique de cette dérive est celle de la défenseure des enfants en titre, Dominique Versini comme je l'avais indiqué dans un billet précédent.
On pourrait penser que la suppression du défenseur des enfants est motivée par le fait qu'aujourd'hui cette institution n'est pus nécessaire ou encore qu'elle a fait preuve de gabegie ou de légèreté dans le passé.
Eh bien non, personne ne l'a jamais critiquée et elle n'a jamais traité autant de dossiers que maintenant.
Les chiffres sont éloquents, en France en 2009, on estime qu'il y a 100 000 enfants maltraités, 150 000 enfants qui sortent du système scolaire sans rien, 5 000 enfants étrangers qui vivent dans les rues, 1 seul médecin en milieu scolaire pour 10 000 élèves, 2 000 000 d'enfants qui vivent dans un foyer sous le seuil de pauvreté (environ 800€ par mois pour un foyer mono-parental)...
Dans ce contexte, on comprend bien que la défenseure des enfants reçoit de plus en plus de demandes, en hausse annuelle de 10%, environ 2 000 dossiers par an. La plupart sont liés à un divorce (45% des mariages se terminent par un divorce), ça représente 38% du total des dossiers. Ensuite, 20% concernent des grands enfants âgés de 16 à 18 ans, 15% des mineurs étrangers, 8% des problèmes scolaires (en particulier des problèmes d'intégration des enfants handicapés à l'école) et 5% des cas de maltraitance.
Personne, de bonne foi, ne peut remettre en question cette autorité indépendante, ni penser que ses missions seront mieux assurées par le nouveau défenseur des droits proposé par la commission Balladur et repris dans le projet de loi organique présenté en conseil des ministres du 9 septembre 2009.

La réforme du mille-feuilles admistratif ne doit pas passer par la suppression du défenseur des enfants.
NE TOUCHEZ PAS A LA DEFENSE DES DROITS DE L'ENFANT.

20 ans, c'était l'occasion de faire une belle fête pour les droits de l'enfant.
On a bien fêté les 20 ans de la chute du mur de Berlin.
Mesdames, messieurs les membres de la commission Balladur, Mesdames, messieurs les ministres, vous avez gâché la fête.

mercredi 11 novembre 2009

Non à l'exploitation des sables bitumineux, le pétrole plus sale que sale


Commençons par une question. Où se trouvent les plus grandes réserves pétrolières du monde ?
Ce n'est pas en Arabie Saoudite, ni même au Moyen-Orient, pas plus en Russie ou en Alaska.
Alors où ? En Alberta, une des provinces du Canada, au pied des Rocheuses, entre le Saskatchewan et la Colombie Britannique.
L'Alberta est surtout connu pour ses parcs nationaux, le parc national de Banff est le plus ancien, il a été créé en 1865, un peu après le parc national du Yellowstone, aux USA, qui créé en 1872 est le plus vieux parc national au monde.
L'Alberta est donc une des premières régions au monde à avoir préservé son patrimoine naturel.
Ce mois-ci, je vais justement à Banff, je connais déjà cette région. Elle est d'une beauté sidérante. Pour avoir traversé l'Alberta, je sais aussi que l'homme, dans sa conquête de l'Ouest, à partir de 1850, a ravagé ces territoires, déboisant toute la province, en dehors des Rocheuses.

Aujourd'hui, avec un technologie bien plus puissante, au nord de l'Aberta, il est en train de détruire la forêt boréale pour extraire de l'or noir, plus exactement la pire source de pétrole, les sables bitumineux.

Vous pouvez penser, tout ça c'est bien loin, bien au Nord, dans des régions inhabitées, le problème c'est que cette exploitation est la plus polluante au monde et qu'elle met en cause le respect des accords internationaux et conduit à l'échec de la conférence de Copenhague.
Greenpeace alerte actuellement sur le danger de l'exploitation des sables bitumineux et sur le rôle qu'y joue notre compagnie nationale Total comme l'ilustre cette courte vidéo.
Pour être bien informé sur le sujet des dangers des sables bitumineux, le mieux est de consulter le site web de l'excellente émission Découverte de Radio Canada.

Quelques chiffres significatifs, la réserve est estimée à 300 milliards de barils (270 milliards en Arabie Saoudite), la zone de production s'étend sur 140 000 kilomètres carrés (4 fois la taille de la Bretagne historique), la production journalière avait dépassé 1,2 millions de barils en 2002, on extrait 100 tonnes de sables pour obtenir 11 tonnes de bitumes, puis on consomme de l'énergie et de l'eau en grande quantité pour avoir au final du pétrole. Il faut de 1/3 à 2/3 de litre de pétrole et de 2 à 6 litres d'eau pour en produire un seul litre de pétrole !!!!!!!!!!!!
Le pire, c'est que cette production génère une quantité phénoménale de gaz à effet de serre (GES) et de produits toxiques (souffre, azote, métaux lourds). On estime qu'un baril de pétrole (soit 159 litres) produit 80 kg de GES, soit 5 fois plus qu'un baril "traditionnel" !!!!!!!!!!!!

Cette exploitation est une ineptie totale, à cause d'elle le Canada n'a pas respecté ses engagements de Kyoto. Le Canada avait accepté de réduire, au plus tard en 2012, ses émissions de GES de 6% par rapport à l'année de référence (1990), en 2002, elle produisait 24% de plus qu'en 1990 et a reconnu en 2006 que l'objectif de Kyoto était inatteignable .

A un mois de la conférence de Copenhague, comme le fait Greenpeace, il faut dénoncer ce pétrole plus noir que noir, plus sale que sale. Cette exploitation conduit le Canada a traîner les pieds à Copenhague et participe à l'échec possible de cette conférence.
Terminons par une déclaration récente de l'activiste québécoise Mireille Beaudoin : "Les sables bitumineux, c'est un problème climatique mondial. [...] Ça ne concerne pas seulement les Canadiens ni même les Nord-Américains. Ça concerne l'ensemble de la planète. Les leaders mondiaux, dont Stephen Harper (premier ministre du Canada), monsieur Obama, les leaders européens doivent prendre position et doivent arrêter d'encourager l'exploitation des sables bitumineux".

mardi 3 novembre 2009

Claude Lévi-Strauss : un grand écologiste avant la lettre


Au seul nom de Claude Lévi-Strauss, plein de mots savants viennent à l'esprit : ethnologie, anthropologie, structuralisme, universalisme, mythe...
A l'heure de sa disparition, un autre mot mérite d'être cité, c'est écologie.
Le père de l'anthropologie sociale a couru le monde dès les années 30 et observé les relations de l'homme à son environnement. Il fut le premier à expliqué le lien privilégié entre les peuples et leurs environnements, entre nature et culture, et à insister sur la notion de diversité.
De l'étude des populations autochtones du Brésil, à partir de 1935, naîtra Tristes tropiques en 1955 où il décrit ce qu'on appellera beaucoup plus tard le phénomène de la mondialisation : « L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse ».

En 1965, quand on lui demandait ce qu'il mettrait dans un coffre à l'intention des archéologues de l'an 3000, il répondait : « Je mettrai dans votre coffre des documents relatifs aux dernières sociétés primitives en voie de disparition, des exemplaires d'espèces végétales et animales proches d'être anéanties par l'homme, des échantillons d'air et d'eau encore non pollués par les déchets industriels, des notices et illustrations sur des sites bientôt saccagés par des installations civiles et militaires. [...] Mieux vaut donc laisser quelques témoignages sur tant de choses que, par notre malfaisance et celle de nos continuateurs, ils n'auront pas le droit de connaître: la pureté des éléments, la diversité des êtres, la grâce de la nature, la décence des hommes ».

N'en faisons pas aujourd'hui le père de l'écologie moderne, comme l'a écrit Valérie Pécresse sur FaceBook, mais reconnaissons tout l'apport de Claude Lévi-Strauss dans l'émergence d'une pensée écologique.