mercredi 17 mars 2010

La Bretagne a la gueule de bois, Le Drian a contracté le syndrome du leader


Depuis le début de la campagne des régionales, les médias nationaux ne parlaient pas de la Bretagne, tous considéraient qu'il n'y avait aucun enjeu dans cette région du bout de la terre de France. A la limite, il y avait la question du grand aéroport du Grand-Ouest, mais il n'était même pas en Bretagne "administrative".
Tout a changé lundi soir, on redécouvre la Bretagne dans les médias nationaux.
Personnellement, j'aurais préféré qu'on l'oublie encore pendant une semaine et qu'une marée rose et verte recouvre la Bretagne dimanche prochain.
De l'absence d'enjeu (pour les médias), la Bretagne est devenue la seule région où une liste Europe Ecologie sera présente au 2e tour. C'est important car Europe Ecologie est le petit dernier des mouvements politiques, c'est le seul qui monte, alors que le MoDem (2007) et le NPA (2009), pas beaucoup plus vieux, sont vraiment sur la mauvaise pente.
C'est de nouveau la question de la possibilité de l'émergence d'une 3e force et de son rapport avec la gauche qui se pose dimanche prochain en Bretagne et seulement en Bretagne.
Pendant la campagne du 1er tour, je n'ai cessé de répéter qu'on se retrouvera avec la liste Le Drian au 2e tour. J'en étais sûr. Vous pouvez imaginer d'abord ma stupéfaction, mon exaspération et mon incompréhension quand j'ai appris l'absence de fusion des listes Hascoet et Le Drian.
Je ne dirai pas que c'est l'équipe de Le Drian qui est responsable de l'échec des négociations, encore moins que c'est celle d'Hascoet, d'abord parce que je n'étais pas sous la table de négociation et surtout comme disait La Rochefoucauld : "Les querelles ne dureraient pas longtemps, si le tort n'était que d'un côté".
En revanche, j'ai une idée sur qui souhaitait la fusion et qui n'en avait que faire. Depuis un mois, le Drian faisait comprendre qu'il avait déjà sa liste de 2e tour, qu'il avait déjà "ses" écologistes et "ses" communistes. Le Drian voulait s'octroyer sans partage la totalité de la prime majoritaire de 25% et surtout Le Drian narguait délibérément Europe Ecologie en additionnant les écolos de Bretagne Ecologie à ceux d'Europe Ecologie Bretagne, en fin politique, il savait que ce raisonnement ne pouvait que braquer l'équipe de Hascoet.
Selon la presse, au final les négociateurs du PS proposait 12 places éligibles à Europe Ecologie un peu à l'insu du plein grès de Le Drian qui avait mis la barre à 10. Ma question est "ne fallait pas les prendre ?" Obtenir 12 quand on en demandait 14, ce n'est pas déshonorant, reste que je ne suis pas sûr que Le Drian aurait validé l'offre de 12 places sur la liste de fusion.
Tout cela montre que Le Drian souffre du syndrome de l'aveuglement du leader (l'arrogance en est un symptôme), il se croit encore au temps du programme commun ou pour être aimable à celui de la gauche plurielle, au temps où les écologistes comptaient pour pas grand chose, au temps où l'on croyait nos ressources inépuisables et que l'homme n'avait aucune influence sur le climat, où l'on prônait le productivisme.
Pour être moins aimable, ne se prend-il pas pour le duc de Bretagne depuis qu'il a succédé à Josselin de Rohan au Conseil Régional ?
On verra dimanche le résultat, je parie que le rapport entre la liste autour du PS et celle d'Europe Ecologie ne sera pas de 1 à 3 comme au 1er tour. Je fais le pari que de nombreux électeurs voudront sanctionner la volonté d'hégémonie de l'équipe Le Drian.
Ma hantise, c'est que la droite en profite et arrive en tête. Pas de risque assure Christian Guyonvarc'h, 2e sur la liste Europe Ecologie en Morbihan. Personnellement, je crains que la droite remonte fort au 2e tour. Les abstentionnistes du 1er tour (plus de 1 million) sont surtout à droite, n'avez-vous pas perçu les consignes d'abstention envoyées tout doucement par les non-sarkozistes de l'UMP (et ils sont nombreux en Bretagne) ? Au 2e tour, ils voteront en nombre à droite. Ne pensez-vous pas que les électeurs du MoDem vont faire de même ?
Je reste confiant car je pense que Le Drian, Loget, Hascoet, Guyonvarc'h... sont des politiques bien plus avisés que moi et qu'ils n'auraient jamais risqué de refaire passer la Bretagne à droite... surtout de la confier à Malgorn.
On verra bien dimanche et on aura 4 ans pour voir si ce qui s'est décidé lundi 15 mars 2010 était la meilleure façon pour faire de la Bretagne une éco-régio exemplaire... j'ai des doutes.

lundi 15 mars 2010

Un seul gagnant, l'abstention et pas mal de perdants

J'ai l'impression que les commentaires à la télé et à la radio ne dégagent pas clairement les enseignements de ce premier tour des élections régionales.
Personnellement, j'en tire les conclusions suivantes :
- Il y a bien un gagnant du premier tour des élections régionales, c'est le parti des abstentionnistes. Il a conquis plus de la moitié des électeurs.
- Il y a aussi un perdant, c'est le Mouvement Démocrate qui nationalement passe en dessous de 5% et perd plus de la moitié de son électorat (et aussi tous ses élus).
- Le Front National régresse, en effet, il perd plus de 1 300 000 voix.
- Europe Ecologie s'installe à la 3e place, mais se retrouve très loin derrière le PS et ses alliés et aussi de l'UMP avec un score proche de celui du du Front National (moins de 1% d'écart).
- Par rapport au premier tour de 2004, la gauche (PS et alliés) fait un peu mieux et la droite (majorité présidentielle), un peu moins bien. L'ordre d'arrivée reste inchangé, la gauche est toujours devant. Le plus significatif à mon sens est qu'elles obtenaient chacune de l'ordre de 8 millions de suffrages en 2004 et n'en recueillent que 5 millions en 2010.
En tant que candidat Europe Ecologie en Bretagne, je ne peux pas vraiment me satisfaire des résultats obtenus.
Il y a bien sûr quelques satisfactions quant aux résultats en Bretagne.
La première c'est qu'Europe Ecologie prend la 3e place avec 12,2% et très loin devant le Front National (6,2%).
La seconde, c'est qu'Europe Ecologie s'impose face aux autres listes de gauche qui se revendiquaient aussi de l'écologie, le NPA et ses alliés qui défendaient l'écologie radicale fait moins de 2,5% et l'Alliance Ecologique Indépendante (AEI), présente sur la liste "Nous te ferons Bretagne", est à 4,3%.
Enfin, ce fut une belle campagne autour d'un bon projet que Guy Hascoet a défendu avec talent et conviction.
Il y a aussi quelques déconvenues, Europe Ecologie ne gagne que 2 500 électeurs entre 2004 (liste Les Verts - UDB) et 2010. C'est peu. De plus, l'écart avec la liste Le Drian est énorme, tout juste 25%, soit plus que le score de Bernadette Malgorn (23,7%).
La vraie déception, c'est qu'Europe Ecologie n'ait pas profité de l'effondrement du MoDem. On dit souvent que la Bretagne est une terre centriste, de nombreux électeurs du MoDem découragés par la stratégie toute personnelle de François Bayrou aurait dû rejoindre Europe Ecologie. Le refus d'Europe Ecologie de s'ouvrir à d'autres partis écologistes (autres que les Verts) n'a pas permis un large rassemblement des électeurs de sensibilité écologiste. C'est donc sans progression notable par rapport à 2004 et avec un résultat sensiblement plus bas qu'aux Européennes de juin 2009 (12,2% contre 17,9%) qu'Europe Ecologie va devoir négocier maintenant avec le PS. En terme d'électeurs, Europe Ecologie a perdu 37 000 électeurs depuis juin 2009.
Sachons en tirer les leçons pour l'avenir. Europe Ecologie doit construire véritablement le rassemblement des écologistes, pour cela il ne faut plus considérer que les Verts est le seul parti écolo du mouvement et que les autres ne sont que des représentants de la société civile, une 3e composante inorganisée ou encore des candidats d'ouverture.
Construisons maintenant l'avenir avec un large rassemblement des forces écologistes, démocrates et humanistes.

jeudi 4 mars 2010