mercredi 24 juin 2009

Faut-il augmenter les tarifs municipaux en période de désinflation ?


Comme chaque année, la ville de Vannes fixe les nouveaux tarifs des services municipaux.
Pour 2009, une augmentation de l’ordre de 1,5% est appliquée. Elle touche, par exemple, les prix de la restauration scolaire, des garderies, des maisons de quartier, des musées, des activités culturelles…
Lors du conseil municipal du 29 mai dernier, les élus du groupe VPC (Vannes Projet Citoyens) sont intervenus pour contester une augmentation uniforme des tarifs et ont proposé de ne pas augmenter les tarifs pour les quotients familiaux les plus faible (catégories E, F, G, H), en rappelant que l’indice des prix à la consommation (IPC) entre avril 2008 et avril 2009 avait augmenté de seulement 0,1%.
Le maire a immédiatement répliqué qu’on n’avait pas bien compris les données économiques et que 0,1% était une évolution mensuelle de l’indice et non une évolution sur 12 mois.
J’ai signifié que nos chiffres étaient exacts et que, depuis avril dernier, la tendance s’est encore amplifiée. Désormais, en rythme annuel, fin mai, l’évolution de l’IPC, qui mesure l’inflation, est de -0,3%.
La France connaît actuellement une période de désinflation et se poser la question de ne pas augmenter les tarifs municipaux en 2009 semble tout a fait légitime.
C’est d’ailleurs la décision de la ville d’Angers pour 2009.
Ces derniers jours, nous avons examiné la proposition d’augmentation des tarifs des piscines formulée par la majorité qui propose encore une augmentation de 1,5%.
J’ai redit la position de VPC et rappelé les chiffres de l’inflation et la tendance désinflationniste qui se maintient.
Cette fois-ci, la majorité m’a rétorqué que je confondais l’inflation et la croissance et que les chiffres que j’avançais étaient ceux de la croissance qui était négative, mais que l’inflation était positive.
C’est vraiment dommage, pour une majorité qui met toujours en avant sa compétence en matière économique et ses performances de gestion d’être si fâchée avec la réalité économique.
Nous savons pertinemment que l’inflation relève de l’évolution des prix à la consommation et que la croissance est liée à l’augmentation du produit intérieur brut (PIB)… et nous savons faire la différence entre la notion de mois et d’année !
Rappelons les chiffres :
- sur un an, de mai à mai, l’IPC a reculé de 0,3%,
- les prix de l’alimentation (hors produits frais ) et de l’habillement sont stables,
- l’inflation en 2009 serait de 0,4%,
- la prévision de croissance en France faite par l’OCDE pour 2009 est de -0,4%.
En résumé, nous avons en France cette année un phénomène de désinflation et de récession. La question de geler les tarifs municipaux en 2009, au moins pour les coefficients familiaux les plus faibles, se pose donc avec acuité. Nous aimerions qu’elle soit accueillie sereinement et examinée sérieusement par la majorité. En réponse, on n’attend pas un cours d’économie (surtout quand les réponses sont erronées), mais plutôt des décisions en accord avec la crise économique et sociale que nous traversons.
À décharge pour la majorité, il faut remonter à 1957 pour trouver en rythme annuel une inflation négative. On peut comprendre que par habitude, les mêmes gardent les mêmes discours et les mêmes habitudes et ne puissent envisager qu’une augmentation des tarifs municipaux.
Ce qui reste inadmissible, c’est de se voir expliquer qu’on ne comprend pas bien les données économiques, et que l’on confond taux mensuel et annuel, taux de croissance et taux d’inflation.
On est en droit d’attendre un peu moins morgue de la part de ceux qui, à Vannes, ont toujours soutenu sans réserve le libéralisme économique. Chacun peut juger aujourd’hui la valeur de leur expertise.

mercredi 10 juin 2009

Résultats des élections européennes en Europe, en France, en Morbihan et à Vannes



Comment analyser le résultats des élections européennes ?



En Europe
Ce qui est incontestable, c'est la victoire de la droite en Europe, la gauche obtient moins de 200 sièges, les écologistes une cinquantaine, le centre libéral 80, la droite plus de 320 (sans compter les 90 non inscrits).
La vague verte qui a déferlé sur la France colore faiblement le parlement européen avec seulement 7% de députés et le recul du MoDem en France ne se traduit pas non plus par un effondrement des libéraux et démocrates (groupe ALDE où siège le MoDem) qui passent de 99 à 80 députés.
Donc, comme le montre le graphique, la droite (PPE/EPP) continue à dominer, la gauche socialiste (PSE/PES) reste le 2e groupe et les libéraux et démocrates (ALDE) le 3e. Les écologistes (ALE/EFA) progressent de 20% en siège, mais reste encore loin derrière.

En France
Si ces élections provoquent un bouleversement, c'est donc bien plus en France qu'en Europe.
En France, le PS s'écroule. Avec 16,5% des voix, il revient au score de 1994 où la liste conduite par Michel Rocard avait fait environ 14%. Il y a deux ans, Ségolène Royal avait fait près de 26% au premier tour des élections présidentielles (avec une participation de 84% contre 40% aux européennes).
Pour le MoDem, c'est pire, par rapport au premier tour des élections présidentielles, il passe de plus de 18% à 8,5%.
Pour les Verts, par un effet de vase communiquant, c'est l'inverse et c'est exceptionnel. Quand Dominque Voynet avait fait 1,5%, Daniel Cohn-Bendit (DCB) fait plus de 16%.
Ces résultats ne peuvent s'expliquer par l'analyse des programmes des différents partis et alliances. Ce n'est pas logique que le MoDem dont l'Europe est le fond de commerce divise par deux son résultat de 2007. Ce n'est pas rationnel que DCB fasse 10 fois plus que Voynet.
Les électeurs ont profité de cette élection dont ils mesurent mal les enjeux pour envoyer quelques messages :
- Le premier au PS pour lui dire "ça suffit", choisissez une bonne fois votre leader qui sera le candidat aux présidentielles, sortez de la rue de Solférino et occupez-vous des français.
- Le deuxième au MoDem pour sanctionner l'aventure solitaire de François Bayrou et dire comment l'espoir qu'ils avaient mis dans ce nouveau parti a été déçu.
- Le troisième, pour saluer DCB qui a réussi à bousculer la classe politique française (surtout Bayrou) et signifier qu'il plaçait l'enjeu environnemental devant les traditionnelles oppositions gauche/droite, pros et anti traité européen, libéraux et sociaux...
- Le quatrième message qu'il ne faudrait pas oublier est le quitus donné à la politique européenne de Nicolas Sarkozy voire à sa politique intérieure.

Dans le Morbihan
Le Morbihan amplifie les tendances nationales :
- L'UMP fait un bon score ce qui est normal dans le dernier département breton encore à droite.
- Les écologistes font un excellent score et passe devant le PS.
- Le PS décroche encore plus ici qu'ailleurs. Alors qu'en 2004, il arrivait en tête dans 231 communes sur 261, en 2009, il reste en tête dans seulement 17 communes.
- Le MoDem qui avait suscité tant d'espoir dans ce territoire traditionnellement centriste, ne fait que 9% alors que la tête de liste, Sylvie Goulard, était certainement la meilleure spécialiste de l'UE.

A Vannes

Vannes amplifie encore davantage la tendance du Morbihan.
- Un tiers des électeurs ont voté pour l'UMP (bien plus qu'en Morbihan).
- 20% ont voté écologiste dans une ville où on n'a pas commencé à réfléchir à un Agenda 21 local et qui s'oppose toujours au futur Parc Naturel Régional. De plus, l'alliance écologique indépendante arrive en 6e position sur 20 avec plus de 3%.
- Le PS passe sous la barre de 15% et continue à perdre des électeurs. De 35% au premier tour des élections municipales de 2001, il était rendu à 30% en 2008 (avec les Verts, l'UDB et le PRG) et ne fait plus que la moitié tout seul.
- Les autres candidats de gauche font de mauvais scores, le front de gauche est à égalité avec l'alliance écologique indépendante et fait moitié moins qu'au national, le NPA est encore plus loin à égalité avec le FN.
- Le MoDem qui représente une sensibilité politique dominante à Vannes et dont la tête de liste n'est autre que la belle-soeur du maire atteint péniblement 10% (moins de 1% de mieux qu'en Morbihan).

Localement, quelles conclusions tirer ?
Vannes qui a connu en dix ans l'arrivée massive de nouveaux habitants, pas franchement défavorisés, d'une part se droitise (plus exactement s'umpérise), l'ex-UDF semble avoir majoritairement rejoint l'UMP et d'autre part Vannes verdit.

Bref, Vannes est de plus en plus bleue, les quelques taches orange qui étaient apparues s'effacent, le rose est de plus en plus pale et le vert s'épanouit.